Conseil écriture

Écrire un texte autobiographique : la checklist ultime

Vous commencez à écrire un texte autobiographique quand les questions surgissent ? Votre effet sera-t-il réussi ? Consultez notre check-list !

Se libérer, s’expliquer, se souvenir, écrire sur soi. L’écriture possède l’étrange pouvoir de dénouer nos tensions intérieures alors pourquoi ne pas en faire un roman ? L’autobiographie apparaît pourtant assez tard dans l’histoire de l’écriture. « Les confessions » de st Augustin au 5e siècle constitue le premier ouvrage du genre. Mais c’est « les confessions » (encore !) de Jean Jacques Rousseau, au 18e, qui constitue la première autobiographie qui respecte les codes littéraires. Si le synopsis semble tout trouvé, écrire sa propre histoire reste délicat sur plus d’un point. Alors, revenons ensemble sur ce genre littéraire, pas comme les autres. Comment écrire un texte autobiographique ? Réponse avec notre checklist en 8 points.

1 — S’assurer qu’on écrit un véritable roman autobiographique

De nombreux genres littéraires peuvent amener un auteur à écrire sur lui-même. Mais celui qui tient un journal n’écrit pas une autobiographie pour autant. L’autobiographie met l’accent sur le vécu, sur la manière dont les événements racontés dans le livre ont influé sur votre compréhension du monde ou votre construction identitaire. On distingue l’autobiographie de :

  • L’essai autobiographique. Les écrivains s’appuient alors sur leur vie pour argumenter une réflexion philosophique.
  • Les mémoires. Un auteur raconte dans ses mémoires les événements auxquels il a assisté. Il témoigne, mais ne détaille pas sa propre transformation.
  • Le journal et la correspondance. Le diariste raconte sa propre existence et ses pensées dans l’ordre chronologique, au jour-le-jour. Les journaux intimes, eux, n’ont pas vocation à être publiés.
  • Le blogging où d’autres écritures modernes peuvent également revêtir un caractère autobiographique.

2 — Respecter le pacte

Écrire sur sa propre vie signifie d’abord que nous nous engageons à exposer avec sincérité les faits dont nous nous souvenons. Mais tout ne se révèle pas toujours aussi véridique qu’on le croit. Nous avons tous de faux souvenirs pourtant gravés dans notre mémoire. L’autobiographe ne relate pas forcément la vérité, mais ce qu’il croit sincèrement avoir vécu. Il élimine les personnages avec une identité hybride et un vécu fictif. C’est le pacte autobiographique.

Celui qui a publié une autobiographie fictive rompt le pacte. Il a quitté le registre de l’autobiographie bien que son œuvre possède une certaine dimension autobiographique.

3 — Choisir le temps de narration

L’écrivain et le personnage principal sont une seule et même personne dans l’ouvrage autobiographique, mais ce n’est pas tout. L’auteur est également le narrateur. On peut facilement mener son lecteur au bord de la schizophrénie.

Pour poser des repères, on conseille de respecter une organisation temporelle. L’auteur en train d’écrire se situe dans son présent. Il raconte au passé ce qu’il lui est arrivé précédemment. Le narrateur, lui, se situe à l’époque choisie par l’auteur. Il s’exprime au présent ou au passé selon les cas de figure. S’il est parfois plus simple de réunir l’auteur et le narrateur dans le présent, cela relève avant tout de votre choix d’écriture.

Le narrateur utilise généralement la première personne (« je ») pour évoquer la version passée de lui-même. On trouve, cependant, de rares cas d’emploi de la troisième personne (« il ») pour marquer un rejet du passé.

4 — Définir l’arc de transformation

On peut facilement penser que pour écrire sa propre biographie il suffit de lister ce qui nous est arrivé ou ce que nous avons fait tout au long de notre vie. Et c’est bien là le piège.

La façon de raconter ses souvenirs, de les mettre en scène pour créer du suspens et une intrigue, compte plus que tout. Le biographe est un romancier qui écrit pour raconter sa propre histoire avec toutes les implications techniques et artistiques que cela suggère. On parle parfois de romans biographiques.

Votre arc de transformation se révèle primordial. Réfléchissez avant tout au message que vous voulez transmettre. Quelle évolution identitaire souhaitez-vous mettre en avant ? Lorsque vous avez répondu à cette question, vous pouvez sélectionner les récits de vie qui permettent de comprendre pourquoi et comment vous avez évolué.

Cela demande de pouvoir prendre un certain recul et comprendre quels événements parfois minimes ont eu des conséquences majeures et lesquels gardent un caractère anecdotique même si, pour d’autres aspects de votre vue, ils restent primordiaux.

Votre récit commence donc la première fois que vous êtes confronté à la problématique du livre. Il s’achève dès lors que vous arrivez à une certaine forme de conclusion même si votre vie se poursuit. Les biographies peuvent raconter aux autres des histoires de vies minuscules, d’un point de vue temporel, mais extrêmement riches, du point de vue de l’apprentissage.

De nombreux épisodes de votre vie seront éludés. Lorsqu’on traverse ainsi une vie en sautant de séquence en séquence, de manière fragmentaire, nous devons apporter un grand soin aux enchaînements afin de garder une continuité narrative.

5 — Comprendre sa motivation

Le conteur n’est pas un personnage comme les autres. Il est parfois plus difficile d’exposer les rouages de sa propre personnalité plutôt que d’un personnage qui nous ressemble. Il peut être intéressant de se poser les questions suivantes :

  • Quelles raisons vous poussent à raconter votre histoire ?
  • Quel impact souhaitez-vous avoir sur le lecteur ?
  • Sous quel angle voulez-vous vous présenter ? Où voulez-vous pointer le projecteur ? Que voulez-vous dire ou ne pas dire ?

Les raisons qui nous poussent à écrire notre autobiographie sont variées :

  • Garder le souvenir de sa propre vie
  • Partir à la recherche du temps perdu
  • Laisser un témoignage à ses petits-enfants
  • Poser des mots sur son passé et sa personnalité
  • Commencer une reconstruction après un traumatisme
  • Faire un aveu
  • Défendre son image

6 — Résister à l’appel de la vengeance

La vengeance constitue le principal piège de l’autobiographie. Pourquoi ne pas se faire plaisir en mettant un petit taquet à ceux qui nous ont ennuyés si longtemps ? L’autobiographie reste un exercice littéraire. Les lecteurs attendent beaucoup du livre, mais pas de violence, quand bien même elle serait justifiée. Attaquer soulage sur le moment, mais on n’en sort jamais grandi aux yeux de l’opinion publique. La tentation peut être grande. Participer à un atelier d’écriture autobiographique permet de libérer certaines tensions. On présente les paragraphes consignés dans ses carnets et l’on élimine ceux que nos partenaires trouvent inappropriés.

7 — Parler à ses proches

Celui qui décide d’écrire ses souvenirs d’enfance s’apprête à livrer la liste complète de ses bêtises à ses parents. Ça pourrait barder ! Mais cela va parfois un peu plus loin encore.

Le regard que nous portons sur nos vies contient une part importante de subjectivité. Tout dépend de nos valeurs et de la place que nous donnons aux événements. Des proches pourraient tomber de haut en découvrant certains passages de votre livre. Imaginez des parents qui découvrent qu’ils n’ont pas été aussi parfaits qu’ils le pensaient jusqu’ici. Votre conjoint n’a pas nécessairement envie de vous voir écrire son histoire d’amour, même si c’est aussi la vôtre. Prenez le temps de discuter avec chaque personne réelle qui entre dans votre récit avant de publier le livre.

La loi nous oblige à rester dans le droit chemin. Lorsque vous exposez publiquement la vie de vos adversaires ou de vos proches, s’ils sont identifiables, alors ils peuvent juridiquement se retourner contre vous. Lorsqu’on entreprend d’écrire la vie d’autres personnes, on conseille de transformer les noms et les liens familiaux ou hiérarchiques pour que les personnages deviennent méconnaissables, même si l’histoire reste inchangée.

8 — Faire des clins d’œil

Jouer un peu ne fait pas de mal. Celui qui écrit pour sa famille peut s’autoriser à glisser des sous-entendus et des références discrètes dans son texte. Les initiés seront enchantés de comprendre le clin d’œil qui leur était réservé là où tout le monde ne voit qu’un fait normal.

Allumez les projecteurs !

Écrire un livre autobiographique est une expérience peu commune. On s’interroge sur soi-même, puis on se met en scène. On rêve de ce qu’on a été, de ce qu’on aurait voulu être. Tel un cinéaste en pleine psychanalyse, on peut changer la caméra de place ou choisir l’angle avec lequel on regarde notre passé. Le style littéraire permet de jouer sur le contraste en donnant une couleur plus dure ou édulcorée aux événements. Mais le pacte reste inviolable : on ne change pas les faits. C’est toute la singularité du genre. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre article sur les intrigues captivantes. Et si c’est déjà fait… c’est parti, à vos manuscrits !

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