Écrire une quatrième de couverture : une simple formalité ?

Avez-vous déjà remarqué ce fait étrange : la dernière page du livre, c’est la première qu’on lit. C’est peut-être la seule que tout le monde lit, avant même de sortir de la librairie. Parce que si tout le monde n’achète pas l’ouvrage, les gens veulent savoir ce qui se trouve au verso. Pour celui qui vient d’achever l’écriture du livre, s’en est presque trop facile. Beaucoup trop facile. Mais comment écrire un texte pour faire la promotion de votre livre ? Je vous propose de passer en revue les principes incontournables pour écrire une quatrième de couverture. Et lorsque vous aurez fini, vous me direz s’il s’agit d’une simple formalité, ou non.

L’objectif des quatrièmes de couverture

Lorsqu’une personne repère une couverture de livre qui se démarque sur les étagères des librairies, elle prend le livre et le retourne. C’est un réflexe. La quatrième de couverture, c’est donc avant tout l’opportunité de convaincre le lecteur qu’il a trouvé ce qu’il recherche. C’est un outil de vente au même titre que la photo sur la première de couverture du livre.

Le style du livre doit être évident. Est-ce que l’intrigue intéressera le lecteur ? Dans quel univers et quel genre littéraire se situe-t-elle ? Quel est le style de rédaction ? Voici un aperçu des questions auxquelles le résumé du livre doit répondre.

Que vous soyez en auto-édition, en édition à compte d’auteur ou que vous préfériez l’édition à compte d’éditeur, c’est bien l’écrivain qui rédige le résumé du livre. La rédaction d’un roman ne s’arrête pas au manuscrit ! On remarque toutefois qu’une maison d’édition traditionnelle peut disposer d’un service marketing dédié à la création des textes de vente.

Alors oui, le terme « quatrième de couverture » désigne aussi bien le résumé du livre que la dernière page de couverture elle-même. Aussi nommée lodiciquarte ou plat verso, cette dernière contient beaucoup d’autres informations. On y retrouve impérativement le titre du livre, le nom de l’auteur, le numéro ISBN, le code-barre et le prix de vente TTC.

D’un certain point de vue, la quatrième de couverture a tout d’une « formalité ». Mais voyons tout de suite comment créer un bon résumé.

La structure du résumé de livre

En marketing, la méthode AIDA fournit des conseils d’écriture pour les textes de vente. Elle suggère 3 étapes d’écriture pour un résumé pertinent :

• Commencer l’écriture par une accroche;
• Synthétiser la trame du livre;
• Susciter le désir du public.

Accrocher le lecteur

Les gens sont pressés. Ils peuvent lire 3 lignes et passer à autre chose. Ces trois premières lignes doivent se révéler suffisamment percutantes pour donner aux lecteurs l’envie de lire les suivantes. Et pour cela, il existe deux règles principales.

Notre article dédié à l’attention du lecteur évoquait l’importance des questions. Vous pouvez être direct et demander « Que feriez-vous si vous découvriez votre éditrice attachée avec un bandeau, dans les coulisses du Salon du livre broché ? ». En posant une question au lecteur, vous l’aider à s’identifier. Vous pouvez également l’amener à se poser des questions grâce à des informations incomplètes ou contre-intuitives : « En abandonnant leur métier pour devenir blogueurs, Robert et Annie ne savaient pas ce qui les attendait ». On conseille d’écrire librement l’accroche en se basant sur le premier conflit de l’histoire.

Un court extrait du livre peut également capter le lecteur s’il représente un moment fort pour le héros et s’il induit un questionnement.

Mais certains s’arrêtent au bout de trois mots seulement. Autant prendre le temps d’écrire le premier mot. Plus l’accroche commence par des termes porteurs de sens, plus les gens sont susceptibles de terminer la phrase. À l’inverse, les compléments circonstanciels, ou les tournures syntaxiques telles que « je crois que » ou « il est important », peuvent décourager le lecteur. « Les techniques d’écriture d’une nouvelle ont changé ma vie, en 1940 au Kazakhstan » percute bien plus que « En 1940, au Kazakhstan, il s’est passé quelque chose qui a changé ma vie ».

Mais pour vraiment accrocher le lecteur, votre mise en page doit également faire preuve de sobriété. Le texte doit être bien centré, aéré, lisible et en accord avec votre image de couverture.

Résumer l’histoire

Le lecteur a décidé de vous accorder un peu plus de temps, profitez-en pour aborder le résumé en tant que tel. Alors bien sûr, dans cette étape d’écriture, il ne s’agit pas d’un synopsis ni d’un spoiler. Ce résumé laisse entrevoir le premier quart du récit maximum.

Toute la particularité du résumé de quatrième de couverture, c’est de réutiliser le style littéraire du livre, votre manière d’écrire l’histoire et de planter le décor.

Les ingrédients de votre livre se retrouvent, l’air de rien, dans cette partie. Le lecteur aimerait savoir s’il est face à une romance, un récit de science-fiction ou d’héroic fantasy. Il s’attend à une mise en scène sombre ou à une comédie. Votre histoire se déroule-t-elle dans l’atmosphère guindée d’un vieux manoir anglais ou dans l’ambiance survoltée du milieu de la mode parisienne ?

Le lecteur appréciera que vous décriviez le contexte. Veillez à ce que votre synthèse distille des informations telles que :

• Où et quand se passe l’action;
• L’événement déclencheur de l’intrigue;
• Une présentation des protagonistes;
• Les enjeux pour les personnages principaux.

À la relecture, demandez-vous si votre écriture titille suffisamment le subconscient pour le gêner et lui donner envie de connaître toute l’histoire. Vous pouvez ensuite poursuivre l’écriture et passer à l’étape finale de votre résumé.

Susciter le désir du lecteur

Un lecteur emballé n’est pas un acheteur pour autant. Alors que vous avez répondu aux interrogations, vous devez encore transformer l’essai et rédiger une nouvelle et dernière partie de votre résumé.

Décrire le plaisir que le lecteur potentiel aura à lire votre livre vous aidera à terminer en beauté. Indiquez à qui vous vous adressez avec une phrase comme : « une histoire qui ravira les amoureux des grands espaces » ou « un livre à lire pour tous ceux qui voudraient écrire des dialogues, sans jamais avoir osé ».

Une seconde approche consiste à commenter le travail du romancier : « L’auteur manipule le suspense avec talent et vous donnera des sueurs froides. Un livre à ne pas lire lorsque vous êtes seul. ».

La troisième technique d’écriture consiste à s’appuyer sur le succès d’un ouvrage de référence. Vous pouvez alors conclure par « si vous avez aimé…, vous adorerez… ». Pour souligner les aspects originaux de votre livre, vous pouvez le décrire comme « Quand le personnage de Hercule Poirot rencontre Stephen King » ou « Bridget Jones, avec l’espace intergalactique en arrière-plan ». L’exercice est tellement intéressant qu’il permet parfois de convaincre les éditeurs auxquels vous souhaitez proposer un livre. Soyez créatif et si vous ne savez pas par où commencer, jetez un œil à nos conseils pour lutter contre le syndrome de la page blanche.

Faire la promotion de votre livre

Derrière la couverture cartonnée se trouve une des clefs qui transformeront la maquette de votre livre en succès commercial. C’est un travail éditorial passionnant. L’enjeu est grand et parfois, on doute. L’impression à la demande et l’édition numérique sont de bonnes solutions pour les écrivains qui veulent tester les lodiciquarte de leurs manuscrits. On peut aisément éditer deux résumés, imprimer quelques exemplaires de l’ouvrage et observer les ventes des deux tirages. Et finalement, après le résumé, l’auteur peut aussi écrire sa biographie. Mais ça, je vous en parlerai une prochaine fois.