Conseil écriture

Maintenir l'attention du lecteur : les 4 clés qui créent l’addiction

Vous voulez que vos lecteurs ne décrochent plus de vos romans, qu’ils restent scotchés ? Suivez-nous et découvrez les secrets pour créer l’addiction.

Alors qu’il tournait lentement les pages, ses paupières devenaient lourdes, de plus en plus lourdes. Malheureusement pour lui, il n’était déjà plus capable de s’en rendre compte. Au moment précis où ses yeux allaient définitivement disparaître, le bruit sourd du livre percutant le sol le fit tressaillir. Surpris, paniqué, il n’arrivait plus à respirer. Il se leva pour ramasser le livre et le jeter dans la poubelle. Désormais, une seule chose comptait encore : qu’allait-il manger ce soir. Personne n’aime lire des histoires ennuyeuses. Et une chose est sûre, personne ne veut les publier non plus. Justement, aujourd’hui, je partage avec vous 4 clés pour maintenir l’attention du lecteur.

1 - Stimuler les sens et emporter le lecteur

Pour rendre votre lectorat addict, la méthode est simple : vous devez l’aspirer dans votre texte. Il doit quitter la réalité et s’immerger dans votre univers littéraire. Et puisque les scientifiques nous expliquent que le cerveau est stimulé de la même façon dans une situation réelle ou imaginaire, il ne nous reste qu’à titiller le système sensoriel du lecteur.

Utilisez le champ lexical olfactif et tactile : « aromatiques », « parfumé », « saveurs », « chaleureux », « froid », « duveteux », « moelleux », « tactiles »… ces mots enrichissent votre texte, et contribuent à créer une expérience intégrale d’immersion.

La vue et l’ouïe sont souvent développées dans les romans. On décrit nécessairement ce que le personnage voit, dit et entend. Mais évitez d’employer les mots faibles ou ternes qui ne portent presque pas de sens. Pour exprimer les sensations sonores, plutôt que « dire », préférez « chuchoter », « affirmer » ou « s’exclamer » et transformez le lecteur en auditeur. Pour le visuel, utilisez « remarquer », « discerner », « visionner », « apercevoir » « colorée », « chatoyant » ou « éblouissant ». Et vous ? Quels mots choisirez-vous pour renforcer l’immersion du spectateur ?

N’hésitez pas à décrire les choses de manière détournée. Plutôt que « dans le cabaret on entendait le tambour », essayez « ils dansaient au rythme du tambour ». Votre lecteur pourra entendre les sons comme s’ils étaient réels.

Les 5 sens ne sont pas les seules options disponibles. Vous pouvez également transporter votre audience grâce à la proprioception, qui permet d’identifier la position de notre corps, même les yeux fermés. Vous pouvez détailler les émotions comme « le tic-tac de l’horloge rappelait à Hobb que l’échéance se rapprochait dangereusement » et combiner le son à la pression de la deadline qui se rapproche inexorablement.

La littérature constitue une école des beaux-arts à elle seule. Elle possède cette capacité de reproduire dans un style théâtral à la fois les sensations d’une sculpture, d’une peinture, de projets musicaux, du cinéma, d’un spectacle vivant…

2 - Soigner les points de vue et conserver l’attention

Le plus agaçant, lorsqu’on lit un livre, c’est lorsque l’auteur s’assoit sur l’accoudoir de votre fauteuil pour expliquer chaque ligne du texte. Prenez soin de la forme narrative et laissez le lecteur profiter du monde que vous avez imaginé pour lui.

Un procédé qui réduit l’efficacité d’une narration consiste à détailler un historique que les personnages connaissent déjà. Dites « nous savions tous qu’elle était toujours malade en voiture » et vous expulsez le lecteur du roman en lui faisant remarquer qu’il est le seul à ne pas savoir. La bonne stratégie consiste à créer des personnages avant de commencer l’écriture pour ensuite les entourer de péripéties qui permettent au lecteur de comprendre. Montrer une boite de cachets contre le mal de mer qui tombe du sac ou à faire intervenir un ami pour s’exclamer « tu es toujours aussi malade en voiture ! » rendra votre récit plus crédible et immersif.

Évitez de rentrer dans des descriptions documentaires auxquelles le narrateur ne penserait pas naturellement. Chaque fois que l’auteur intervient avec l’unique objectif d’aider le lecteur, il lui rappelle qu’il est un intrus.

Attendez un changement de scène pour changer de point de vue sans vous faire remarquer. Et lorsque ça arrive, prenez garde à ce que le lecteur sache exactement qui est en train de parler. Relire trois fois une phrase pour comprendre qui est « je » ou « il » éjecte le lecteur de votre histoire. Évitez également les structures grammaticales trop complexes.

Aucune règle ne s’impose. Mais le point de vue interne, avec un narrateur qui écrit à la première personne du singulier, favorise la sensation d’immersion totale. Si vous choisissez une focalisation externe ou un narrateur qui est lui-même en dehors de l’histoire, vous ajoutez un intermédiaire entre vous et vos protagonistes. Mais rien n’est totalement interdit, Hitchcock discutait bien avec les spectateurs en plein milieu d’un film. Il ne cherchait pas à immerger le lecteur dans l’histoire, mais à l’immerger dans son rôle d’enquêteur et d’observateur.

3 - Supprimer les marqueurs narratifs et le narrateur

Alors que l’assassin approche de sa victime à pas feutrés, alors qu’il lève son poignard étincelant, alors que l’ombre de la victime derrière le rideau de douche se frotte la tête… une publicité s’interpose pour vanter les mérites d’une fantastique machine à café.

Les marqueurs narratifs produisent le même effet qu’une page de réclame au milieu d’un thriller. Les marqueurs de dialogue (« dit-il », « rétorqua-t-il »…) et les filtres narratifs (« pensait-il », « il se demandait »…) grippent le déroulement de l’intrigue. Ces interruptions à hautes fréquences, même si elles apportent des précisions utiles, rappellent avant tout que le dialogue ou la pensée reste le montage d’un écrivain.

Lorsque les commentaires sont nécessaires, on préfère d’ailleurs utiliser les mots les plus simples et courts. Cette fois les mots ternes sont de rigueur. Ils passent inaperçus et limitent le retour à la réalité du lecteur.

L’action permet souvent de révéler l’état d’esprit des personnages sans avoir à les nommer. Plutôt que « Nous allons à Venise, lui dit-il d’un air décidé », préférez « Il s’approcha en le regardant droit dans les yeux, et posa lentement ces mots en le pointant du doigt : nous allons à Venise ». Pensez à votre texte comme une œuvre cinématographique, quels détails voient les lecteurs ?

4 - Promettre des réponses et conserver l’attention du lecteur

Le secret que je m’apprête à vous révéler changera à jamais le cours de votre existence. Et si vous voulez savoir de quoi il s’agit, vous devrez plonger au cœur de ce qui suit. Le meilleur moyen de retenir un lecteur, c’est de faire en sorte qu’il se pose des questions et que vous distilliez des réponses.

Les questions stimulent la curiosité du lecteur, mais défient aussi sa capacité d’anticipation. Elles rendent l’expérience plus interactive. Bien amenées, elles le forcent à scruter le récit à la recherche du moindre indice, parfois fictif. Et le phénomène n’appartient pas qu’au polar. On le trouve également dans différents genres littéraires comme une odyssée épique ou une romance. Le marketing utilise le terme open loop pour parler des énoncés qui créent une gêne pour inciter à la lecture. Nous avons tous lu un titre comme « Les 5 choses que Van Gogh aurait dû savoir avant de quitter le monde réel ».

Une carte des questions aide l’auteur à construire une tension continue. Il s’agit alors de noter à quel chapitre une interrogation apparaît, mais aussi à quel moment la réponse est donnée. Vous n’êtes pas obligé d’y répondre tout de suite ni d’attendre la fin du livre. Faites à votre manière. Vous pouvez également laisser des questions sans réponse, à une seule condition…

Tout doit rester calculé. Les auteurs les plus habiles laissent des points en suspens avec l’idée d’introduire un second tome ou une série de romans. Une approche plus originale consiste à laisser le lecteur interpréter la conclusion. Mais si vous avez juste oublié la question, c’est probablement qu’elle est de trop.

Les promesses ne sont pas toujours formulées comme des questions. Vous pourriez écrire, par exemple : « le secret que le sorcier apprêtait à lui révéler allait changer à jamais le cours de son existence ». Il ne s’agit pas de dire les choses au lecteur, mais de les amener dans un style expérientiel.

Captiver le lecteur

S’il fallait résumer en une phrase, ce serait sans doute celle-ci : à chaque ligne, demandez-vous si elle donne envie de poursuivre la lecture jusqu’à la suivante. Les techniques d’écriture que nous avons vues peuvent emmener votre lecteur dans un environnement virtuel qui lui semblera des plus réalistes. Il n’a finalement pas fallu attendre le XXIe siècle pour découvrir la réalité augmentée ! Et si jamais vous souhaitez développer une écriture plus immersive encore, vous pourrez l’agrémenter d’artifices numériques à l’instar de Ugo Monticone. Vous écrirez peut-être le prochain vendeur de goyaves.

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