L’argent, c’est le nerf de la guerre. On écrit pour l’amour de la littérature, pour la poésie ou simplement avec l’envie de transmettre quelque chose. Mais, quand il s’agit du lancement d’un livre, on en revient à la même question depuis que le monde est monde : où trouver de l’argent ? Comment financer ses projets ? Le 21e siècle se révèle plein de créativité et d’outils innovants. Des méthodes miracles fleurissent un peu partout, mais tout n’est pas toujours aussi simple qu’il n’y paraît. Aujourd’hui, nous verrons comment financer son livre par le crowdfunding. Nous reviendrons sur les préventes et les cagnottes, mais surtout, nous verrons comment et quand ces nouveaux modes de financement peuvent fonctionner… ou pas.
Les préventes
La prévente consiste à vendre un produit avant de l’avoir « fabriqué ». Le but est bien sûr de récolter l’argent avant d’engranger des frais. Vous ne puisez donc pas dans votre trésorerie et économisez vos fonds propres.
Dans l’édition de livres, il s’agit donc de vendre le livre avant de l’imprimer. Si c’est assez simple sur le papier, dans la pratique, cela suppose plusieurs conditions :
- vous disposez d’un lectorat auprès duquel vous ferez la promotion de votre ouvrage ;
- vous êtes encore en train d’écrire votre texte ;
- vous avez accès à une plateforme de vente.
Un lectorat fidèle est un gage de réussite. La technique fonctionne très bien pour un auteur qui a déjà publié et qui pense à financer de nouveaux projets. L’effet se révèle encore plus efficace si vous souhaitez mettre en vente un nouveau tome d’une série à succès. Rien ne garantit que tous les lecteurs achèteront le prochain volume, mais vous connaissez déjà leur avis et leurs attentes. Et avec de l’ingéniosité, vous pouvez même les rendre impatients.
Fabien Olicard explique comment il a multiplié les préventes d’un de ses ouvrages en ajoutant des passages suggérés par ses followers. Il raconte comment il a créé le teasing en annonçant les surprises que les gens pourraient avoir à la lecture du texte. Il va jusqu’à challenger les gens pour qu’ils trouvent la faute d’orthographe glissée dans le 1er chapitre.
La technique est discutable si vous écrivez un ouvrage littéraire, mais en termes de prévente et de collecte de fonds, elle s’avère redoutable.
Et si la collecte n’atteint pas le montant nécessaire à vos investissements, vous pouvez simplement annuler la vente et rembourser les financeurs.
Un dernier point important, du point de vue fiscal, une prévente reste une vente. Les montants collectés sont soumis aux taxes et impositions en fonction du statut sous lequel vous intervenez.
Le crowdfunding pour financer son livre
Le crowdfunding, ou financement participatif, invite les gens à vous verser une contribution en échange d’une contrepartie. C’est une de ces sources alternatives de financement qui améliorent également votre couverture médiatique.
La visibilité de votre projet et sa diffusion reposent sur la notoriété des plateformes de crowdfunding que vous choisissez. Ce mécanisme permet à la fois de valider l’idée de l’auteur et potentiellement d’attirer l’attention d’un éditeur. Vous n’avez pas besoin d’une grosse communauté de départ, bien que les plateformes de financement participatif insistent sur l’importance d’avoir des proches pour créer les premiers financements nécessaires à l’amorçage.
Des contreparties de différentes valeurs permettent au lecteur de vous confier le budget de son choix. Les porteurs de projets peuvent proposer le livre dans sa version classique ou de luxe avec des prix de vente différents. La contrepartie peut aussi prendre une forme plus symbolique comme un autographe ou un produit dérivé.
Le principe de l’objectif minimal rassure les contributeurs. En tant qu’intermédiaires, les sites se portent caution et garantissent un remboursement si le montant nécessaire pour financer un projet n’est pas recueilli durant la campagne de financement. S’il a pu collecter les fonds, l’auteur pourra lancer les impressions. Dans l’hypothèse inverse, les contributeurs seront remboursés.
Pour garantir le succès, les investisseurs potentiels doivent se retrouver dans votre projet. Vous obtiendrez cet effet en mentionnant dans votre ouvrage des lieux, des cultures, des situations auxquelles les lecteurs sont attachés. Vous devez avoir écrit le texte pour un public précis.
Avant de publier votre projet, la plateforme de crowdfunding vous demandera des visuels, des extraits, voire des vidéos pour attirer l’attention du public, le convaincre et multiplier les ventes. Cette façon de procéder multiplie vos chances de succès, mais aussi le travail.
Le recours à un site de financement participatif s’avère donc plus pertinent dans le cadre d’un projet mûri ou d’un livre en phase d’édition. De cette manière, l’annonce peut réutiliser la couverture, les illustrations, les résumés et la mise en page conçus pendant l’édition.
Kiss kiss bank bank, Ulule ou Kickstarter sont très prisés des startups et entreprises innovantes. Et ils séduisent de plus en plus d’artistes en auto-édition. C’est un baromètre qui les renseigne sur l’intérêt du public et des éditeurs pour leur texte. Saurez-vous décrocher un mécénat à million d’euros ?
Les cagnottes en ligne
Dans le principe de la cagnotte, votre idée est financée par des dons. Les donateurs vous versent une somme d’argent pour vous aider à concrétiser votre projet. Elles sont généralement utilisées dans deux cas de figure :
- les projets à destination d’un public très ciblé ;
- le financement d’une activité régulière et permanente.
Les donateurs cherchent avant tout à encourager votre production par leur investissement financier. À moins que vous ayez pris un engagement particulier, vous n’avez donc pas d’obligation d’envoyer des livres. Cette particularité fait de la cagnotte un système adapté, par exemple, à la production d’un recueil sur le moyen ou long terme : vous publiez des textes régulièrement et le contributeur fait un don lorsqu’il en a la possibilité. Il n’y a pas nécessairement de correspondance entre votre publication et les dons.
Les frais sont moins élevés sur les cagnottes, mais la plateforme de financement contribue assez peu à faire connaître votre idée. L’écrivain doit diriger lui-même ses contributeurs vers la cagnotte. Il ne s’agit donc pas réellement d’une manière de trouver de l’argent, mais plutôt de récolter des fonds qui proviennent des proches, le love money. La cagnotte est donc plus adaptée pour un projet personnel, imprimé plus tard, en peu d’exemplaires ou à destination d’un public bien défini.
Si la cagnotte permet de financer de petits projets, son intérêt pour les auteurs s’est révélé avec l’apparition de l’impression à la demande. La disparition des volumes minimums de commande permet d’éditer un livre à faible coût.
Les financements alternatifs
Bien entendu, une fintech n’est pas la seule façon de réaliser une levée de fonds. Les aides publiques, les bourses d’auteur et les concours constituent des financements traditionnels pour vous donner un coup de pouce. Cependant, les bourses imposent souvent d’avoir déjà publié une œuvre avec une maison d’édition traditionnelle et rien ne dit que vous remporterez le prix du concours. Vous devriez vous pencher sur la question, mais tous les auteurs ne sont pas éligibles.
Comme souvent lorsqu’on veut promouvoir un manuscrit, le réseau constitue un élément capital qu’il vaut mieux développer pendant l’écriture. Trouvez des bêta-lecteurs, participez à des groupes d’écriture, discutez avec le vendeur de votre librairie préférée. Bref, impliquez les gens, ils seront solidaires et vous offriront leur soutien.