Conseil écriture

Écrire un polar : Les 6 étapes incontournables

Vous écrivez un polar et vous aimeriez éliminer la victime proprement ? Découvrez les 6 étapes pour imaginer un roman policier aussi fluide que le sang.

La victime gît dans son fauteuil, elle est encore chaude. Bras écartés sur le côté, les yeux écarquillés, bouche ouverte, c’en est fini pour elle. Le poignard l’a transpercé si brutalement que du sang a jailli partout. En reprenant les méthodes de Sir Arthur Conan Doyle et de Mary Higgins Clark, elle s’était mise en tête de découvrir l’identité d’un mystérieux individu. Résoudre un mystère est parfois plus simple qu’il n’y paraît, mais est-ce une raison pour se fourrer dans une sale affaire ? Je ramasse le livre tombé à terre « Faut-il écrire un polar en commençant par la fin ? ». Très bon livre, c’est moi qui l’ai écrit. Mais après les enquêtes policières, la voilà obligée de passer à un autre genre littéraire. J’espère que le genre macabre lui convient. Mais voici comment tout a commencé.

1 - Choisir le mobile du crime

Toutes les intrigues policières racontent des meurtres. Bien que ce soit courant dans les livres, le geste reste particulier, brutal, fascinant en soi. Un travail soigné consiste d’abord à se demander ce qui peut réellement pousser une personne à en tuer une autre. Quel est le mobile ? Quel est aussi le contexte psychologique ?

Secrets cachés, espionnage, jalousie ou vengeance, en réalité, toutes les raisons sont bonnes pour éliminer quelqu’un. Le meurtrier peut exécuter froidement un contrat ou perdre son sang-froid dans des situations précises.

Connaître le motif permet de s’assurer de la cohérence de l’intrigue, mais elle peut aussi contribuer à donner plus de densité à l’histoire. Et si ce qui le poussait à commettre un assassinat se révélait finalement être ce qui le perdra. Et si ce trouble contribuait à le sortir de la liste des suspects alors qu’il est la cause de son crime ?

2 - Concevoir la révélation finale

Le lecteur découvre une à une les pièces d’un puzzle. Le problème, c’est que ce puzzle a plus d’une façon de s’assembler, et une seule s’avère correcte. Ce qui ressemble d’abord à une série d’énigmes grossières va devenir une intrigue bien ficelée.

Si le spectateur se contente de lire 3 indices et déduit immédiatement que la femme en vert a été assassinée par le policier véreux, dans les coulisses du Salon du livre policier, vous avez manqué quelque chose. Dans un bon thriller policier, le lecteur doit utiliser ses petites cellules grises.

Les choses deviennent incohérentes à mesure que le détective trouve les indices. C’est un peu comme un Rubik’s Cube, ça a l’air simple au début. Mais plus vous avancez, plus vous comprenez que votre façon de raisonner n’est pas la bonne.

Quelle est l’information fausse ? Quelle est la toute petite méprise qui remet en question la totalité du raisonnement de l’enquêteur ? Quelle pièce du puzzle s’emboîte à un endroit qui n’est pas le sien ?

La deuxième étape consiste donc à définir la révélation, le plot twist de votre intrigue policière.

3 - Définir le mode opératoire du meurtre

Le polar raconte l’histoire d’un cadavre. C’est simplement qu’au lieu d’assister directement à la scène fatale, on en découvre les conséquences. Le lecteur avance à l’aveugle et à partir de quelques indices, un objet oublié, une tache de sang, l’enquête nous plonge progressivement dans les événements passés, jusqu’au dénouement.

Définir comment les choses se sont déroulées vous permettra de disposer les bons objets au bon endroit et de placer la victime dans la position parfaite. Le narrateur peut, dès lors, utiliser le mot exact qui perdra l’assassin.

Comment cette mystérieuse affaire est-elle vue de l’extérieur ? Quels rebondissements ont ponctué le parcours du criminel ? Bref, quels sont les éléments nécessaires pour que le récit policier s’écoule naturellement ?

4 - Créer une fausse piste

La fausse piste et la liste des suspects complètent la révélation. Elles termineront par envoyer l’enquêteur dans une impasse. Une disparition inquiétante vient peut-être rebattre les cartes, elle n’a pourtant pas de rapport avec le meurtrier. Les hypothèses s’enchaînent jusqu’à la prochaine voie sans issue. Les mystères s’épaississent, on doute de plus en plus de l’inspecteur.

Ces harengs rouges permettent de créer un suspense. Le détective se retrouve seul dans une maison sur la colline au bout de la petite ville tandis que des ombres noires approchent. Le lecteur se fait un sang d’encre ! Mais le tueur en série se cache ailleurs. On s’imagine que tout va pour le mieux depuis que le boucher loge dans un frigo de la morgue, mais ce n’est pas avec les couteaux du boucher que les victimes sont assassinées…

5 - Choisir le tueur parfait

Votre labyrinthe s’achève. Il ne reste plus qu’à y placer les pions que votre roman met en scène. Quel personnage serait le meilleur assassin de votre histoire ? Qui serait la meilleure victime ? Et qui sera le détective ?

Votre énigme policière est une fenêtre pendant laquelle les personnages ont l’opportunité d’évoluer et de calmer un conflit intérieur. Ils possèdent donc une motivation particulière pour assassiner, pour enquêter ou pour s’être approchés d’un peu trop près du coupable. À quel conflit intérieur cherchent-ils à échapper ? Si cet aspect relève plus des meilleurs thrillers psychologiques, il marquera profondément le lecteur.

Le détective peut s’insérer dans deux stéréotypes qui ouvrent des perspectives de narration différentes :

  • l’étranger : il vient d’arriver et ne connaît pas le fonctionnement du milieu dans lequel il enquête. Il découvre les choses en même temps que le lecteur et lui confie son étonnement.
  • l’expert : il connaît parfaitement le milieu. Il a une longueur d’avance sur le lecteur. Il peut donc lui expliquer précisément les choses. En revanche, l’identification devient plus complexe pour le lecteur.

6 - Personnifier la loi

Sherlock Holmes, Hercule Poirot ou Arsène Lupin s’accommodent toujours de l’intervention d’un lieutenant de police. La loi s’immisce partout dans un bon roman policier. L’oublier c’est remettre en cause la crédibilité de votre histoire.

S’il y a un meurtre, il y a forcément des policiers. Définissez bien qui représente l’autorité dans votre monde. Si votre roman se déroule sur un bateau, c’est par exemple le capitaine qui va tenter de gérer la situation.

Quelle relation lie l’autorité au personnage principal ? Lorsque l’enquêteur est l’employé modèle d’une honorable société, la police s’oppose nécessairement à son intervention sur la scène de crime.

Comment la loi réagit-elle face au crime ? Apparaît-elle sous les traits d’un bon policier respectueux des procédures, d’un shérif violent et agressif, d’un incompétent irrattrapable ?

Écrire le polar en commençant par le meurtre

La victime gît donc dans son fauteuil, elle n’a pas encore refroidi. Si elle avait eu le temps de lire toutes les pages de mon livre, elle savait comment écrire un excellent thriller haletant… elle est juste passée un peu vite à la pratique. Je prends un mouchoir pour essuyer le sang sur ma veste avant de ranger soigneusement le livre dans la bibliothèque. Les meilleurs auteurs de romans policiers utilisent un pseudonyme, et personne ne saura jamais qui je suis.

Est-ce qu’il faut commencer par écrire la fin d’un polar ? Pas vraiment. En revanche, commencez toujours par éliminer la victime. Car personne ne l’ignore, si le lecteur mène l’enquête, l’assassin, c’est l’auteur.

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