Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Nous avons probablement tous un héros ou une héroïne favori. Un personnage qui nous inspire. Réel, imaginaire ou même sorti d’un univers de science-fiction, le héros de la littérature a la capacité d’impacter le monde et d’incarner l’espoir. Et cet impact résonne en nous à tel point qu’imaginer, puis mettre en scène un héros puissant, est un gage de succès pour votre livre. Comment évoquer l’origine du don ? Comment le pouvoir complète-t-il la personnalité du héros ? Et comment agit-il sur le lecteur ? C’est décidé, aujourd’hui, nous allons voir comment donner un pouvoir à notre héros.
1 - Comprendre le rôle du héros et de son pouvoir
Stan Lee, scénariste et créateur de nombreux super-héros Marvel, décrit les histoires de justiciers costumés comme des contes pour adultes. On y retrouve l’univers merveilleux de notre enfance à la différence que le héros du roman se retrouve confronté à des problèmes bien réels. Parce que la réalité, c’est que nous cherchons tous quelque chose et nous attendons des histoires qu’elles y fassent écho.
La kryptonite ne suffit pas. On ne peut évoquer les aventures épiques de Superman sans parler du cristal vert. Cet élément capable de neutraliser les fantastiques pouvoirs du héros à la cape (et au slip) rouge joue un rôle essentiel : il crée un obstacle et une série de péripéties suffisamment complexes pour justifier que l’on en fasse une histoire. Et pourtant, ce talon d’Achille ne suffit pas pour que le lecteur s’identifie au personnage habillé avec fantaisie. Le romancier doit le rendre plus charismatique et inspirant.
Un héros peut avoir un pouvoir surnaturel ou simplement révéler une efficacité exceptionnelle, mais il rencontre les mêmes difficultés que les personnes ordinaires. Il peut avoir des problèmes de travail, de cœur, perdre ses proches, manquer d’argent… Le pouvoir du héros ne doit pas le mettre à l’abri de toutes ces problématiques. Clark Kent se fait malmener par son patron malgré ses capacités spectaculaires.
Les personnages secondaires ou les méchants ne sont pas des faire-valoir. C’est l’aspect ordinaire du héros qui contraste avec son pouvoir. Stan Lee décrit cette caractéristique comme nécessaire pour créer un personnage de comics “en trois dimensions”.
Donner le pouvoir idéal à un personnage, c’est avant tout lui donner une faculté qui pourra fonctionner avec les problématiques de la vie quotidienne du héros. Superman est captivant justement parce que ses super-pouvoirs en font un chevalier servant idéal quand Clark Kent reste invisible aux yeux des femmes.
2 - Développer un pouvoir extraordinaire
Le héros ne possède pas son pouvoir. Bien sûr, au premier abord, les facultés extraordinaires d’un personnage de roman le rendent fort, elles pourraient même lui apporter la réussite. Mais quand on y regarde de plus près, c’est un peu plus complexe que cela.
Une force supérieure impose le pouvoir au héros. Que l’on parle d’un surhomme doté de super-pouvoirs ou d’un héros commun, avec des facultés réalistes, mais bien affûtées, le pouvoir constitue aussi une sorte de malédiction. Il apporte des responsabilités auxquelles la tête d’affiche ne peut échapper. Lorsque Peter Parker alias l’homme-araignée choisit d’utiliser son pouvoir pour son simple profit, il scelle le destin tragique de son oncle.
Le monde fait évoluer les personnages du statut de héros à celui de légendes. Ce n’est pas qu’il détruit les faiblesses du héros comme le suggère le dicton « ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ». Les éléments obligent le héros à transformer certains aspects de sa personnalité pour devenir capable de faire face à ses responsabilités. Beaucoup de lecteurs sont inspirés par cette notion de sacrifice, de devoir et d’évolution.
Parler du monde, du système, et de la moralité donne de la profondeur à votre texte. L’idée que l’univers pèse sur chaque protagoniste en fait une sorte de personnage romanesque. Le lecteur s’accroche à l’idée que Spider-Man n’a pas d’autre choix que de surmonter les obstacles parce que la règle ultime indique qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Cette force supérieure est d’ailleurs largement utilisée dans la mythologie grecque.
Le pouvoir n’a d’intérêt que s’il est exceptionnel. Cela signifie que les pouvoirs de vos héros ne devraient pas être hérités à la naissance ou accessibles aux simples mortels. Le pouvoir du héros doit son origine à un événement rare pour ne pas dire mortel. Peter Parker n’aurait pas dû survivre à la morsure de l’araignée mutante.
3 - Expliquer l’origine du pouvoir du héros
Les textes dédiés aux origines du héros possèdent trois fonctions :
- intéresser le lecteur et rendre le héros captivant ;
- mettre en lumière les enjeux exceptionnels et augmenter la tension à venir ;
- expliquer les peurs et les faiblesses du héros pour crédibiliser le personnage malgré ses capacités.
Les origines du héros constituent malgré tout un piège récurrent lorsqu’on écrit un livre. L’erreur serait de mettre en place une seconde histoire dans l’épopée. L’écrivain pourrait ainsi diluer l’intrigue et le suspense. Le texte perdrait en intensité.
Votre manuscrit ne raconte qu’une seule histoire. Vous pouvez bien sûr développer des intrigues secondaires, mais ces péripéties, aussi épiques soient-elles, doivent servir le parcours des personnages. S’il est possible de supprimer l’origine du pouvoir sans modifier la compréhension de l’histoire globale, faites-le.
Une origine mythique sert plusieurs aspects du récit :
- elle fait partie intégrante de l’intrigue ;
- elle participe à transmettre le même message que le texte complet ;
- elle permet de comprendre le développement du personnage.
Le milliardaire Bruce Wayne peut facilement trouver une Batmobile et un déguisement (un costume, que dis-je) high-tech. Batman n’a techniquement pas besoin de tomber dans une grotte pleine de chauves-souris pour cela. La séquence de l’enfant tombé dans la caverne de Gotham est simplement nécessaire parce que le film raconte les exploits d’un homme qui doit combattre sa propre peur pour devenir un justicier héroïque. Elle sert à la fois l’histoire, le message et le développement du personnage principal. Selon les versions de livres, film ou bandes dessinées, les auteurs choisissent d’ailleurs de mettre en avant la scène de la grotte ou l’assassinat des parents. Si les deux épisodes existent, ils n’ont pas toujours leur place dans les récits.
Un personnage exceptionnel pour vos blockbusters
Peu importe le type de héros, qu’on parle d’un super-pouvoir fictif ou d’une compétence réaliste, les ressorts restent les mêmes :
- donner aux personnages des défauts qui contrastent avec ses facultés ;
- travailler les conditions extraordinaires dans lesquelles ce pouvoir s’est développé ;
- l’amener dans des conditions littéraires justes.
Votre nouveau roman promet d’être épique. Mais si Stan Lee insiste sur un point plus que tous les autres, c’est que la magie opère uniquement lorsque vous créez des personnages qui vous font rêver.